Réfléchissez un instant : lors de votre dernier tête-à-tête, qui a dominé la conversation ? Était-ce votre interlocuteur… ou vous-même ? Avez-vous eu du mal à vous faire comprendre ? Votre interlocuteur s’est-il ennuyé, était-il mal à l’aise ou a-t-il essayé de changer de sujet ?
Le fait de dominer une conversation ne signifie pas toujours que vous êtes trop centré sur vous et rien que sur vous. Un discours décousu et un excès d’explications peuvent être le signe d’un problème de confiance en soi.
Si vos conversations se perdent souvent dans des détails inutiles, il est possible que vous ayez des problèmes de sur-explication. Aujourd’hui Sarah Bailey nous présente quatre raisons qui vous poussent à trop vous expliquer, ainsi que sept conseils pour en finir avec cette mauvaise habitude.
Utilisez ces stratégies pour trouver le bon équilibre entre « assez de détails » et « trop d’informations ».
Bonjour, je m’appelle Sarah et je souffre de sensibilité au rejet (sensibilité émotionnelle extrême et une douleur due au rejet, aux moqueries et critiques, réels ou perçus) et d’un besoin de sur-expliquer. Je ne peux pas vous dire, honnêtement, quand tout cela a commencé car j’ai l’impression que c’est ainsi depuis toujours.
Je me revois parfaitement, allongée dans ma chambre d’enfant, à regarder les objets qui s’y trouvaient, tandis que mon cerveau me disait : « Regarde tous ces objets. Ils te les donnent seulement pour que le choc soit encore plus grand lorsqu’ils se débarrasseront finalement de toi. »
Vous vous demandez peut-être pourquoi un enfant en arrive à de telles pensées ?
En fait, j’ai été adoptée lorsque j’étais encore un bébé. Beaucoup pensent qu’un bébé adopté ne se souvient de rien et ne ressent aucun traumatisme, mais cela n’est pas vrai. Un bébé est incapable de décrire ce qu’il vit ou ressent, mais les émotions refoulées peuvent aboutir à des troubles de la santé mentale si elles ne sont pas traitées à temps.
Dans mon cas, une partie du traumatisme lié à mon adoption a perduré jusqu’à l’âge adulte. Ce traumatisme et la peur du rejet ont façonné certaines de mes habitudes de communication actuelles, notamment le besoin de sur-expliquer.
Bien évidemment, je ne dis pas que mes problèmes de santé mentale sont entièrement liés à mon adoption. J’avais probablement une prédisposition génétique que le traumatisme de l’adoption a activée.
Toutefois, un traumatisme n’est pas la seule raison qui nous pousse à craindre d’être rejetés et à trop expliquer.
Soyons honnêtes : se débarrasser du besoin de sur-expliquer ne se fera pas du jour au lendemain. Cela dit, comprendre la raison pour laquelle nous donnons trop d’explications peut nous aider à résoudre les problèmes qui y sont associés. Nous pouvons également devenir plus attentifs à nos styles de communication.
Souvent, la sur-explication aboutit à l’effet inverse de celui recherché : au lieu de clarifier un point particulier, elle peut en compliquer la compréhension.
Ainsi, outre le fait qu’il peut s’agir d’une réaction traumatique de son enfant intérieur blessé, quels sont les autres motifs qui peuvent pousser quelqu’un à s’expliquer de façon excessive ?
Manquez-vous de confiance dans vos capacités et vos connaissances ? Lorsque les gens manquent de confiance en eux, certains ont recours à un excès d’explications pour compenser la perception qu’ils ont de leurs propres faiblesses.
Les gens aiment être compris, car c’est le signe qu’ils « s’intègrent » et qu’ils parviennent à capter l’attention des autres. À l’inverse, vous est-il déjà arrivé que quelqu’un s’énerve car il n’avait pas compris vos propos ?
La peur d’être mal compris est plus courante qu’on ne le pense. Elle peut vous amener à fournir trop d’explications afin de vous assurer que votre interlocuteur vous voit tel que vous voulez vous voir vous-même.
La peur du rejet est liée à l’insécurité et à la crainte d’être mal compris. Nous voulons tous être acceptés par nos semblables, même si nous n’avons rien en commun. Sur-expliquer peut constituer une tentative de gagner l’approbation d’un interlocuteur, que vous ayez ou non « besoin » de cette approbation !
Le perfectionnisme peut constituer une autre forme de sensibilité au rejet.
Être trop exigeant(e) envers soi-même peut vous faire craindre les erreurs. Un perfectionniste risque de se sentir humilié si quelqu’un lui demande des éclaircissements sur un point de la conversation qui aurait été mal compris ou pas clair. Ainsi, pour éviter de se sentir honteux, un perfectionniste peut fournir des explications excessives jusqu’au moindre détail, même si le sujet est insignifiant.
Je dois avouer que je ne m’étais jamais rendue compte que je sur-expliquais à ce point, jusqu’à ce que mon compagnon, Ash, ne commence à me le faire remarquer.
Je vais être honnête : entendre quelqu’un vous dire que vous parlez trop peut être difficile à accepter. J’ai encore du mal à l’admettre, même si je sais que c’est pour mon bien. Après tout, la première étape pour faire face à votre besoin de sur-expliquer est d’en prendre conscience.
Voici les sept étapes que j’applique pour faire face à la sur-explication.
Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir à votre façon de communiquer ?
En apprendre davantage sur votre style de communication peut vous aider à prévenir toute tentative de sur-explication.
La prochaine fois que vous participerez à une conversation, prenez des notes mentales en vous posant les questions suivantes :
Le fait de remarquer à quel moment vous semblez parler plus longtemps pourra vous permettre d’identifier des schémas dans votre style de communication.
Et si, comme moi, vous avez quelqu’un qui vous signale (gentiment) quand vous commencez à sur-expliquer, cela pourra vous aider. C’est en forgeant que l’on devient forgeron !
Peut-être vous lancez-vous dans des explications interminables, parce que vous avez commencé à parler avant d’avoir pleinement défini vos propos. Si vous prenez le temps de réfléchir avant de réagir, vous serez en mesure de planifier ce que vous allez dire et de savoir comment faire passer votre message.
N’hésitez pas à prendre des notes lors de conversations longues, complexes ou sérieuses. Elles vous permettront de suivre des points précis et ne pas vous écarter du sujet.
Pratiquer l’écoute active peut s’avérer utile, que vous parliez à une seule personne ou à une salle comble. Soyez attentifs aux réactions de vos interlocuteurs. Sont-ils mobilisés, acquiescent-ils à ce que vous dites ou manifestent-ils leur approbation ? Si oui, considérez alors qu’ils ont compris et passez au point suivant.
Pas auprès de tout le monde ! Mais faites appel à la personne en qui vous avez confiance pour qu’elle vous dise si vous en faites trop. Demandez-lui d’aller plus loin et de vous donner son avis (si cela lui convient également).
Parfois, un avis honnête pourra vous aider à identifier d’autres domaines à améliorer dans votre style de communication.
Concernant ce point, je n’y arriverai jamais. Je déteste tellement le silence que j’ai un jour demandé à un professeur d’allumer la radio pendant un examen. Enfant, je me souviens que je passais d’une pièce à l’autre de la maison et que j’allumais tous les postes de radio et de télévision.
Le silence et moi ne faisons pas bon ménage. Toutefois, des moments de silence peuvent être nécessaires au confort et à la réflexion de votre interlocuteur. Il n’y a pas de mal à se taire et à en rester là.
Accordez-vous un nombre de mots. Pour certaines personnes, rédiger l’explication d’un point complexe en moins de 100 mots peut également faciliter la communication verbale. C’est comme l’entraînement cérébral !
Si vous êtes ouvert à cette idée, recourir à un professionnel pourra vous aider à surmonter vos problèmes et à aller de l’avant.
Bien que nous puissions nous efforcer de faire face à nos traumatismes, une aide extérieure peut permettre de remettre les choses en perspective et fournir des conseils impartiaux. Il n’y a aucune honte à suivre une thérapie, et cela n’est pas le signe d’une « perte de contrôle ». De nombreuses personnes ont recours à une thérapie pour toutes sortes de raisons, même lorsque les choses vont globalement bien !
Fruit de diverses raisons sous-jacentes, la sur-explication peut nuire à une communication efficace. Beaucoup d’entre nous craignent d’être rejetés, se sentent peu sûrs d’eux, vivent avec des traumatismes ou ont une propension naturelle à trop expliquer.
En prenant conscience de nos habitudes de communication, en mettant en œuvre des stratégies et en demandant conseil, nous pouvons résoudre ces problèmes et gagner en qualité d’expression.
COB-FR-NP-00124 – 12/2024