Essayer de « réparer » l’état mental d’une personne en la faisant culpabiliser et en faisant preuve « d’amour exigeant » peut sembler parfois nécessaire, mais cela fait souvent plus de mal que de bien.
Tout d’abord, de nombreuses personnes souffrant de dépression se sentent déjà coupables et honteuses de leurs défauts (ou de ce qu’elles perçoivent comme tels). Ensuite, la culpabilisation est une façon sournoise de faire plier quelqu’un à votre volonté et à vos idéaux. Elle empêche toute communication saine et, pire encore, le culpabilisateur se sent dispensé d’aider l’autre !
Aujourd’hui, Megan Potts nous parle de son parcours avec ses problèmes de santé mentale et de la façon dont elle est enfin parvenue à faire face aux personnes déterminées à l’humilier sur ce sujet.
Vous savez à quel point les problèmes de santé mentale peuvent avoir un impact sur votre routine quotidienne. De devoir dépendre sur les plats à emporter, jusqu’à avoir des difficultés avec les tâches d’hygiène et de ménage, l’état de votre santé mentale peut affecter toute votre vie, et pas seulement votre humeur.
Tout le monde peut avoir des difficultés. Cela dit, un nombre surprenant de personnes assimilent ces difficultés à un « manque de force morale ». Le problème, n’est pas la dépression (ou du moins c’est ce que ces personnes pensent), c’est VOUS.
Quelque fois, elles sont prêtes à entendre et à essayer de comprendre ce que nous traversons. Pourtant, nous rencontrons parfois des personnes qui semblent déterminées à ne pas comprendre.
Elles peuvent saisir les difficultés traversées lors d’un épisode dépressif, mais croient que « l’amour exigeant » fera sortir la personne de cet état. Pour ces personnes, une maison encombrée est un problème distinct d’un esprit désordonné. Elles ne comprennent pas comment une humeur maussade peut conduire à l’accumulation effrénée de fouillis autour de nous. C’est alors qu’elles proposent leur « remède » sous la forme de remarques désobligeantes, de réflexions continuelles et, bien sûr, d’humiliation.
Nous rencontrons tous des gens qui accentuent les sentiments négatifs que nous avons à propos de nous-même dans les moments difficiles. Mais le fait d’accepter leurs reproches ou leur « amour exigeant » est un choix, qui peut être évitable.
Je culpabilise régulièrement lorsque je traverse un épisode de dépression ou d’anxiété intense. Je ne compte plus les nuits que j’ai passées au téléphone avec des amis qui me comprennent, à pleurer et à m’auto-flageller.
« Pourquoi ne puis-je pas faire les choses qui doivent être faites ? »
« Pourquoi cette lessive en est-elle à son troisième lavage, alors qu’elle aurait dû être séchée et rangée il y a une semaine ? »
« Quel exemple suis-je en train de donner à ma fille en ce moment ? »
Les amis qui vous comprennent vous font généralement la même réponse réconfortante : « Tu utilises l’énergie dont tu disposes simplement pour survivre en ce moment– et c’est bien assez. »
Mais l’écrasante angoisse revient avec force lorsque je reçois des invités dans mon appartement. Avant même que quelqu’un n’ait franchi le seuil de chez moi, j’ai honte que mon intérieur ne soit pas impeccable.
Quelle personne souffrant de troubles de la santé mentale n’a jamais été envahie de panique en essayant de ranger sa maison en l’espace de quelques minutes ? De jeter au hasard dans une pièce fermée les choses qui n’ont pas de place spécifique ? Puis vient la prise de conscience déchirante que l’on n’a pas le temps de ranger le désordre d’un épisode dépressif de 3 semaines (ou plus) en seulement 24 heures.
Lorsque j’ouvre enfin la porte, j’assaille mon invité d’excuses et d’explications interminables : « Ne faites pas attention au désordre. Je suis désolée, j’ai essayé. Tout est si chaotique en ce moment… »
Il m’a fallu beaucoup trop de temps pour réaliser que c’est MA maison. C’est mon refuge, l’endroit où je peux surmonter les périodes durant lesquelles je parviens à peine à sortir de mon lit. Dans mon petit cocon, je n’ai pas besoin de me conformer aux normes stériles d’une maison témoin.
Récemment, j’ai commencé à évaluer la réaction des personnes qui me rendent visite. Ont-elles l’air effarées ou dégoûtées par ce qu’elles voient ? Semblent-elles préoccupées ?
Ou bien comprennent-elles ? Savent-elles à quel point j’essaie de tout gérer alors que je jongle avec ma santé mentale et le fait d’élever seule une enfant de 4 ans ?
Cette réaction détermine mon approche pour la suite. Dois-je éviter une autre visite de cette personne à moins d’être certaine d’avoir le temps de faire le ménage avant qu’elle n’arrive ? Ou bien est-elle une personne « sûre », autrement dit puis-je l’inviter sans que mon appartement n’ait besoin de ressembler à une maison témoin ? (Je fais quand même de mon mieux pour ranger à l’avance, bien évidement).
Le désordre est mon problème, pas celui des gens qui me rendent visite. Et si quelqu’un me pousse à ranger à son arrivée, sans remarquer le travail que j’ai fait avant qu’il ne sonne à ma porte, mérite-t-il d’avoir une place sur mon canapé ?
Je vous invite donc aujourd’hui à réfléchir aux personnes qui ont leur place chez vous. « Si vous ne pouvez pas m’accepter lorsque je vais mal, vous ne me méritez pas lorsque je vais bien » : faisons de ce dicton une règle. Je ne suis pas horrible envers mes invités. Je ne vis pas dans la saleté. Qu’est-ce que cela peut bien faire, si quelques jouets traînent par terre ?
Le fait de me rappeler ceci m’a énormément aidé dans le choix de mes invités.
C’est vrai, il y a maintenant moins de monde qui vient me rendre visite ou passer la nuit chez moi. Et oui, mon intérieur est en désordre, mais c’est un espace sûr pour ma fille et pour moi sur le plan physique et psychologique.
Après tout, quel est le meilleur exemple à lui donner ? Insister pour qu’elle se plie en quatre afin de satisfaire les autres au détriment de son propre bien-être ? Ou lui apprendre à se focaliser sur ce qui la maintient en vie et en bonne santé pour aller de l’avant ?
Personne ne va mourir parce que mon linge doit être relavé après avoir moisi dans la machine. J’ai parfois besoin de toute mon énergie pour me remettre d’aplomb, pas pour trier des piles de linge. Si je continuais à faire la lessive au lieu de gérer ma santé mentale, ma fille pourrait bien se retrouver sans mère.
Voilà une situation que j’imagine, personne ne souhaite, même pas ceux qui jugeraient « nécessaire » de me faire culpabiliser à cause d’un panier à linge qui déborde.
COB-FR-NP-00125 – 12/2024