Dire à une personne atteinte d'une maladie chronique de « se ménager » ce n'est pas faire preuve de gentillesse... mais de condescendance !

a maladie chronique et le poids des conseils
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Une personne atteinte d’une maladie chronique peut vivre comme une pression le fait d’être invitée à « ralentir » et à « se ménager » du fait de sa maladie.

Kat Naish souligne qu’en dépit de sa maladie chronique, elle est parfaitement en mesure de se fixer elle-même ses propres limites.

Par ailleurs, ces « conseils bienveillants » laissent entendre qu'elle ne fait pas encore tout ce qu'elle pourrait pour gérer sa maladie.

Il est temps d’admettre que les personnes atteintes d'une maladie chronique sont celles qui connaissent le mieux leur corps et ce qu’elles ressentent. Il est temps d’arrêter de leur expliquer ce qu'elles « doivent faire ». « Faites-moi plutôt savoir que vous serez là pour moi quand j'aurai besoin de vous, explique Kat. Et n’ayez crainte, le jour venu, je ferai appel à vous. »

« Tu es sûr de ne pas en faire trop ? »

« Dois-tu vraiment travailler autant ? »

« Tu devrais peut-être travailler moins d’heures. »

« J’espère que tu ne prends pas trop de choses en charge. »

« Avec tout le travail que tu as, rien d’étonnant à ce que tu aies ces symptômes. »

Ces phrases vous disent quelque chose ? Vous n’êtes pas seul. A première vue, ce ne sont là que des conseils bienveillants. Mais je suis certaine que vous avez ressenti ce que j’ai ressenti aussi : vous êtes contrarié lorsque certains entendent vous fixer des limites. Surtout lorsque ces personnes n'ont jamais vécu ce que vous vivez, qu’elles ne souffrent pas de la même maladie que vous et qu'elles n’ont pas la moindre idée de ce que vous pouvez ressentir.

Je suis capable de fixer mes propres limites, merci bien ! Je n’ai aucun besoin que l’on vienne me rappeler constamment quelles sont mes limites.

Le bon stress versus le mauvais stress

Je suis issue d'une famille de femmes fortes, qui ont mené des carrières professionnelles respectables et ont apporté une contribution significative à leur foyer. Il est capital pour moi de m’épanouir dans mon métier. Cela constitue une part importante de mon identité. Mais cela ne signifie pas pour autant que je sois accro au travail.... loin de là ! Je sais qu’il faut que je sois raisonnable en ce qui concerne l’équilibre vie personnelle et vie professionnelle pour pouvoir continuer à travailler. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas stressée par une charge de travail importante ou que je ne ressens pas parfois la pression d'une échéance imminente.

L'essentiel est de connaître mes limites et de rester à l'écoute de mon corps. Il s'agit également de mettre en place des mesures pour rester dans ces limites. Je n'ai pas appris tout cela du jour au lendemain. Cela a été un chemin laborieux, fait de tâtonnements et d’erreurs.

Alors, le stress peut-il être bénéfique ? Tout à fait. Vous vous souvenez peut-être d'avoir éprouvé du stress à l'approche d'un examen, mais d'avoir réussi, parce que ce stress vous avait permis de rester pleinement concentré ? Il n'y a rien de tel qu'un délai serré au travail pour vous pousser à vous atteler à un projet.

Un peu de pression peut s'avérer positif lorsque l'on réalise une tâche difficile, mais épanouissante. Le bon stress, c'est quand le travail est un défi que vous pouvez relever, sans qu'il soit insurmontable. Lorsque je franchis des obstacles au travail, j'éprouve un immense sentiment d'accomplissement.

J’adore mon travail. J’ai la chance de pouvoir réaliser quelque chose qui me passionne. Lorsque ma journée de travail se termine, j’éprouve un sentiment de devoir accompli. La dernière chose que je veux entendre lorsque je parle d'une journée bien remplie, c'est que j'en fais trop. Car, je suis la mieux placée pour savoir que ce n’est pas le cas.

Faites-moi confiance : je connais mes limites et sais m’y tenir

J'ai appris à mes dépens ce qu'il en coûte de repousser trop loin mes limites. Croyez-moi, lorsque je dis que j'ai conscience qu'il faut se reposer. Je sais maintenant comment exprimer mes besoins lorsque les choses se gâtent !

En écoutant mon corps, je sais déterminer le moment où il faut que je fasse plus de pauses. Je peux par exemple aller marcher pour me changer les idées, méditer une dizaine de minutes ou me coucher plus tôt le soir. En procédant de la sorte, je peux garder le mauvais stress à distance et sous contrôle.

Mes collègues et mon responsable savent que je suis atteinte d'une maladie chronique. Je leur ai fait comprendre que je devais faire attention à certaines choses. Ils savent que j'ai besoin de faire des pauses régulières, notamment lors des réunions de plus d'une heure. S'il y a un événement professionnel, je me déplace la veille afin d'être au mieux de ma forme le jour J. En fait, en expliquant quels étaient mes besoins, j’ai permis aux autres membres de l'équipe de fixer leurs propres limites !

Savoir que je connais mon corps

Comment quelqu'un d'autre peut-il savoir, à ma place, ce qui est trop pour moi ? Vous pouvez me faire confiance, je connais mon corps et suis à son écoute. Laissez-moi me sentir normale le plus longtemps possible.

Je n'ai pas besoin que vous me rappeliez que je suis atteinte d'une maladie chronique et que je dois me ménager. Je sais qu’un jour les choses pourraient changer et que je ne serai plus capable de gérer la situation. Faites-moi savoir que vous serez là pour moi quand j'aurai besoin de vous et n’ayez crainte, je ferai appel à vous lorsque le jour viendra.

Le point à retenir

Dans la vie, de nombreuses choses provoquent un stress nocif. Le travail n'en fait pas partie selon moi. J'aime mon travail. Il me comble et me permet de me sentir « normale ». Le fait de dire constamment à une personne atteinte d'une maladie chronique de ralentir, lui donne le sentiment d'être limitée et surprotégée. Rappelez-vous combien la plupart d’entre-nous sommes forts ! Après tout, nous sommes confrontés à la maladie tous les jours.

Nous sommes déterminés, nous pouvons accomplir beaucoup de choses et nous sommes des collaborateurs précieux, qui ont de nombreuses choses à offrir.

COB-FR-NP-00115 – juillet 2024

 

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