Le langage codé de la dépression : ce que nous disons versus ce que nous pensons

Man sitting on a bench by the sea
Getty Images / Marc Bruxelle

Si vous souffrez de dépression, ou si vous connaissez quelqu’un qui en souffre, vous connaissez probablement le langage codé utilisé pour masquer la gravité de la maladie.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens peuvent ressentir le besoin de dissimuler ce qu’ils pensent ou ressentent, même s’il s’agit de quelque chose qu’ils souhaiteraient que vous sachiez.

La santé mentale a tendance à être stigmatisée. Bien que des progrès aient été réalisés au cours des dernières années, il nous reste encore à nous défaire complètement de schémas de pensée délétères afin de permettre aux personnes qui en ont besoin de recevoir le soutien approprié.

Le langage codé m’est venu naturellement alors que j’essayais de faire face à des problèmes que je ne comprenais pas. Je craignais les conséquences et les effets négatifs que j’avais vus à la télévision et dans les films.

Avec le recul, alors que je repense à mon parcours vers la guérison, je vois toutes les opportunités que j’ai eues de me confier à d’autres personnes et de discuter de ma dépression avec elles.

Plutôt que de parler honnêtement de ma dépression, j’ai utilisé un langage codé comme :

  • Je vais bien.
  • Je suis juste fatigué (ou épuisé).
  • Je passe juste une mauvaise journée.
  • Je suis vraiment stressé en ce moment.

Par ces phrases, j’essayais désespérément de faire savoir à mon entourage ce que j’avais peur de leur dire :

  • « Je ne vais pas bien. Je ne sais pas pourquoi et je suis terrifié. »

Pendant longtemps, je n’ai pas compris mes symptômes. Je ne savais pas pourquoi j’étais tout le temps fatigué ou pourquoi les choses qui me faisaient auparavant plaisir ne me procuraient plus aucune joie. Peut-être que j’avais juste besoin de plus de sommeil. Ou était-ce que j’avais une terrible maladie qui affectait ma santé mentale ? Je n’avais pas de réponse. L’angoisse de ne pas savoir ce qu’il m’arrivait rendait encore plus difficile le fait de dire ce que je voulais.

Il est parfois plus aisé d’éviter les conversations difficiles en déclarant simplement « Je vais bien ». C’est particulièrement vrai lorsque vous n’avez jamais parlé du problème auparavant.

Utiliser le langage codé de la dépression peut devenir un réflexe, ce qui rend encore plus difficile d’exprimer votre vérité. Cela peut devenir lassant et entraîner de la frustration chez les personnes de votre entourage qui veulent être proches de vous et vous apporter du soutien.

Essayez d’être attentif·ive et de repérer lorsque vous utilisez ce langage codé car cela peut être un signe qu’il se passe quelque chose qui nécessite une exploration plus approfondie.

Voici trois façons d’approfondir le dialogue :

Parlez de santé mentale avec un professionnel de santé. Ces personnes sont titulaires d’une licence professionnelle, ont suivi des années d’études et possèdent des qualifications et peuvent vous aider à comprendre vos réactions, vos pensées et vos émotions pour mieux sortir de la dépression.

Essayez d’utiliser des photos pour exprimer ce que vous ressentez. Cela peut atténuer la pression liée à la nécessité de trouver les mots justes ou d’exprimer explicitement ce que vous vivez à cause de la dépression. Cela permet également aux gens de créer du lien et de mieux comprendre ce que vous traversez, en particulier s’ils ont eu des pensées ou des sentiments similaires.

Parlez avec une communauté qui comprend. Si vous craignez que vos proches ne comprennent pas vraiment, envisagez de rejoindre un groupe de soutien ou de parole en ligne ou près de chez vous. De nombreuses personnes traversent ce que vous traversez ; les entendre parler de leur parcours peut vous inspirer (et vous guider) pour prendre les mesures nécessaires afin de briser le silence et l’isolement. Discuter avec d’autres personnes qui vivent les mêmes difficultés que vous, pourrait vous offrir la possibilité d’avoir des échanges plus profonds et plus constructifs.

Si vous êtes un·e ami·e ou un proche de la personne souffrant de dépression, soyez simplement présent·e. Faites-lui savoir que vous êtes disponible pour écouter sans juger. Parfois, il vous suffit de lui demander comment vous pouvez l’aider. Même le simple fait de lui faire savoir que vous l’aimez peut avoir un énorme impact.

Le point à retenir

Il est essentiel de reconnaître à quel point le parcours est difficile et que vous faites de votre mieux.

Pendant que vous travaillez à comprendre votre dépression et à trouver les moyens d’en sortir, soyez indulgent·e avec vos proches et avec vous-même.

COB-FR-NP-00112 – mai 2024

Comment avez-vous trouvé cet article:


Ces articles peuvent vous intérésser


Man and woman in bed
article

Comment parler de son anxiété à un·e proche

Par Claire Eastham

Tired man looking at his phone
article

L’influence des réseaux sociaux nuit-elle à notre santé mentale ?

Par Martin Gallagher

A woman standing at a dock and looking at the water
article

Anxiété sur le lieu de travail : briser le silence

Par Claire Eastham