Migraine et brouillard cérébral : 15 astuces pour lutter contre la confusion mentale

hand holding pocket watch on beach
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Vous souffrez de migraine et de brouillard cérébral ? Laura McKee est passée par là et partage ses 15 astuces pour lutter contre la confusion mentale.


D'après le site spécialisé Science of Migraine, « la migraine est un problème de santé majeur, qui touche plus de 10 % de la population mondiale (1 milliard de personnes environ), et constitue la deuxième cause d’années vécues avec une incapacité dans le monde. »

L’un des symptômes les plus importants chez moi est le « brouillard cérébral ».

Le brouillard cérébral se caractérise par une perte de mémoire à court terme et une lenteur à la réflexion. Par exemple, vous avez du mal à comprendre ce que vous venez juste de lire ou vous vous emmêlez les pinceaux lorsque vous essayez de trouver un mot que vous voulez dire. Le brouillard cérébral ne touche pas seulement les personnes souffrant de migraine mais c’est un symptôme courant de cette maladie. 

Migraineuse chronique, j'’ai 15 migraines ou plus par mois et je suis quotidiennement confrontée au brouillard cérébral. J’ai en particulier remarqué qu’il affectait ma perception du temps, car je n’étais jamais en retard avant de souffrir de migraine chronique. J’ai découvert récemment pourquoi le brouillard cérébral pouvait altérer la notion du temps.

Dans cet article, je vous livre mon expérience du brouillard cérébral et vous explique comment il perturbe ma perception du temps. Je vous partage également mes meilleures astuces pour mieux gérer le temps lorsque votre cerveau est embrumé.

Qu’est-ce que le brouillard cérébral ?

D'après l’American Migraine Foundation (Fondation Américaine de la Migraine), « les personnes qui souffrent de brouillard cérébral déclarent souvent qu’il leur est difficile de se concentrer et de trouver les bons mots. Elles peuvent se sentir distraites, avoir des oublis, être moins alertes ou éprouver des difficultés à réaliser des tâches simples. »

Le brouillard cérébral peut être causé par divers facteurs et habitudes de vie, allant de troubles du sommeil, de bouleversements hormonaux ou d’une mauvaise alimentation, à des pathologies aiguës (telles que la Covid-19), des maladies chroniques ou encore par certains traitements. 

J’ai demandé à la communauté des personnes souffrant de maladies chroniques comment décrire le brouillard cérébral à quelqu’un qui n’en souffre pas. Voici les réponses : 

« Imagine que ton cerveau descend une colline mais que tu n’as aucun moyen de l’arrêter. »

« C’est comme être très saoul ! »

« Lorsque tu te réveilles d’une sieste et que tu ne sais pas où tu es. »

« J’ai l’impression que mon cerveau est en bouillie. » 

« C’est comme une très mauvaise gueule de bois sans la super soirée qui la précède. »

« Tout te semble extrêmement difficile à faire. »

« Tout tourne au ralenti. »

« Mon cerveau est rempli d'une bouillie gluante qui m'empêche de trouver les mots dont j’ai besoin. »

« C’est comme quand tu essaies de crier pendant un cauchemar mais qu’aucun son ne sort de ta bouche. Sauf que tu ne dors pas. C’est ta réalité. »

On peut confondre fatigue et brouillard cérébral car, dans les deux cas, vous vous sentez épuisé et embrumé. Les personnes en bonne santé ont tendance à penser que la fatigue est celle que l’on peut ressentir après une longue journée de travail ou une activité physique intense. Mais c’est en réalité une sensation d’épuisement intense et constante, qui subsiste même après le repos.

Le brouillard cérébral peut se manifester de façon plus extrême que la fatigue. Il peut s’accompagner d’une sensation d’épuisement mais il se traduit surtout par des pensées confuses et des réflexes mentaux plus lents. Sans parler du sentiment de frustration ! Si vous souffrez de brouillard cérébral, parlez-en à votre médecin dès que possible.

Quels sont les effets du brouillard cérébral ?

Le brouillard cérébral varie d’un jour à l’autre et fluctue tout au long de la journée. Chaque personne le vit également différemment. Le brouillard cérébral passager est indéniablement frustrant.

Le brouillard cérébral peut se manifester par :

  •  Une lenteur ou une incapacité à penser clairement
  • Des difficultés à se rappeler des événements récents
  • Des difficultés à comprendre les informations
  • Une capacité d'attention réduite
  • Une incapacité à se concentrer ou une tendance à la distraction
  • De la confusion
  • Des difficultés à suivre une conversation
  • Des problèmes de mémoire à long terme
  • Des difficultés à réaliser des tâches mentales
  • Un épuisement mental
  • Une incapacité à réaliser plusieurs tâches à la fois
  • Une baisse de l’acuité et des performances mentales
  • Des difficultés à se souvenir des mots
  • Un déséquilibre émotionnel et des sautes d’humeur
  • Des symptômes physiques, tels que des maux de tête

Chez moi, la migraine, mes autres pathologies et les traitements que je prends se mêlent et rendent le brouillard dans mon cerveau dense et constant. Lorsque je veux envoyer un message ou raconter une histoire, les informations et les mots s’emmêlent souvent. 

Lorsque le brouillard est à son comble, je perds toute notion du temps. Je tiens souvent mon mari éveillé jusqu’à 1h du matin lorsque j’essaie de lui raconter quelque chose qui s’est passé dans la journée. Je me perds souvent, j’oublie des étapes et je fais des détours. Je dois aller du point A au point B mais je dis tout à l’envers et je n’arrive pas à me faire comprendre.

Mon mari a baptisé mes récits : « Les divagations à la Alice au Pays des Merveilles de Laura », en référence à mon livre préféré. Avant, j’étais comme le lapin blanc, mettant un point d’honneur à être à l’heure. Malheureusement, ma gestion du temps est à présent aussi imprévisible que les apparitions du Chat du Cheshire !

C’est comme si mon cerveau était rempli de beurre avec des miettes comme la montre « réparée » par le Lièvre de Mars. Maintenant, mon mari s’écrie « Dans le terrier du Lapin Blanc ! » lorsque je divague, je me rends alors (généralement) compte que ce que je dis n’a aucun sens et j’essaie de faire plus attention à mes propos.

Comme vous le voyez, prendre les choses avec humour est essentiel pour supporter des symptômes chroniques tels que le brouillard cérébral. Je ris de moi-même, tout comme mon mari et mon aide à domicile. Les crises de fou rire sont fréquentes lorsque je me trompe de mot, par exemple quand je leur ai dit que j’écrivais sur le « trouillard cérébral » ! Depuis, je me suis efforcée de ne pas écrire « trouillard » dans cet article (ha ha !).

Comment les phases de la crise de migraine affectent-elles ma capacité à penser ?

La migraine se manifeste généralement suivant ces quatre phases : 

  1. Prodrome : 1 à 2 jours avant la crise, vous ressentez des symptômes tels que des sautes d’humeur, des fringales ou une douleur dans la nuque.
  2. Aura : Seuls 25 % des personnes environ présentent des troubles visuels temporaires, comme l’apparition de lumières scintillantes. L’aura peut aussi prendre la forme d’acouphènes, d’engourdissements, de picotements, etc.
  3. Crise : La crise dure habituellement de 4 à 72 heures et se traduit par une douleur lancinante d’un côté de la tête, une sensibilité à la lumière/au son, des nausées et des vomissements.
  4. Postdrome : On l’appelle souvent la « gueule de bois » de la migraine. Vous ressentez tous les symptômes d’un lendemain de soirée bien arrosée, sans l ‘amusement de la veille.

Selon le cabinet Modern Migraine MD, chez les personnes sujettes au brouillard cérébral et aux pertes de mémoire lors d’une crise de migraine, des symptômes de confusion mentale peuvent survenir à n’importe laquelle des quatre étapes. Mon brouillard cérébral perdure à l’étape postdrome, cela me laisse confuse et avec la sensation de ne pas me sentir bien pendant plusieurs jours après la crise.

Lorsque la douleur s’atténue, avoir l’impression d’avoir le « cerveau dans le brouillard » est tout à la fois drôle et frustrant. On se retrouve à faire des choses stupides au cours de nos activités quotidiennes. Il m’est clairement arrivé de mettre des sachets de thé dans la machine à laver ou mon téléphone dans le congélateur !

Le « cerveau dans le brouillard » altère vraiment ma perception du temps

J’ai remarqué à quel point il m’était difficile de me rendre compte du temps qui passe. J’ai attribué cette perte de la notion du temps au fait que j'utilisais des rideaux occultants en plein jour pour soulager ma photophobie (sensibilité à la lumière).

J’ai discuté avec mon mari et mon aidant de ma capacité générale à gérer le temps. Tous deux ont avoué avoir avancé mes « heures de départ » de 30 à 60 minutes. Donc, si je devais être quelque part à 16h, ils me disaient que nous devions partir à 15h, même si le trajet ne prenait que 30 minutes.

En y réfléchissant, j’ai réalisé que j’avais beaucoup de mal à planifier mes journées. Je ne savais absolument pas depuis combien de temps je me brossais les dents et je pouvais passer 20 minutes à brosser, complètement absente. J’ai besoin de rappels réguliers lorsque je dois sortir, mais j’attends toujours les 15 dernières minutes pour commencer à me préparer.

Je ne suis plus capable de dire combien de temps me prendra une tâche. Souvent, je sous-estime largement les choses qui prennent du temps et surestime celles qui sont rapides à exécuter.

Mes amis le savent maintenant. Je les retrouve souvent confortablement assis à m’attendre lorsque je sors enfin de la salle de bain... 20 minutes en retard.

En tant que principaux aidants, Joel et Sam ont mis au point différentes techniques pour me presser sans m’infantiliser. Sam me dit souvent : « Ce n’est pas le moment de parler, car nous devons... »

J’acquiesce, mais je n’arrive pas à « relier les points » et je nous mets quand même en retard.

Mes étapes pour mieux gérer le brouillard cérébral

Voici la liste des astuces que j’applique pour mieux gérer mon brouillard cérébral, ainsi que mon temps et ma perception même du temps :

1. S’il vous est difficile de vous concentrer, ne faites pas plusieurs choses à la fois

Être multitâche s’avère bien plus difficile sous l’effet du brouillard cérébral, croyez-moi. Économisez votre énergie en vous attelant à une seule chose à la fois.

2. Prévoyez des pauses mentales

J’organise ma journée en prévoyant 15 minutes de pause par heure de travail, durant lesquelles je bouge, je médite ou réalise quelque chose qui permet à mon cerveau de se reposer.

3. Pratiquez des activités qui stimulent la mémoire

Je continue de faire travailler mon cerveau autant que possible à travers des activités qui demandent beaucoup de réflexion, telles que les puzzles.

4. Souvenez-vous que motivation et récompense sont directement liées

Choisissez une récompense à vous octroyer lorsque vous avez atteint un objectif.

Je me donne pour objectif de prendre ma douche à une heure donnée. Si je réussis quatre fois dans la semaine, j’ai droit à une séance de chouchoutage.

5. Découpez vos activités en plusieurs petites étapes

Écrivez les 7 ou 8 étapes que vous devrez réaliser pour atteindre votre objectif et gardez-les à portée de vue. À chaque fois que vous cocherez une étape, vous éprouverez un sentiment de réussite.

6. Discutez avec votre responsable des aménagements raisonnables de votre poste

Je peux organiser mes journées comme je l’entends car je suis à mon compte. Par exemple, je ne suis pas du matin donc je travaille principalement l’après-midi et le soir.

Si vous êtes employé, vous pouvez demander des « aménagements raisonnables » de votre poste de travail. Discutez-en avec votre responsable et voyez ce qu’il est possible de faire.

7. Sortez prendre le soleil !

Ma sensibilité à la lumière me force à rester dans une pièce faiblement éclairée la plupart du temps, ce qui embrouille encore plus mon cerveau. Une exposition modérée et raisonnable au soleil peut stimuler de nombreux composés chimiques de notre cerveau.

8. Réglez (plusieurs) alarmes

Le nombre d'alarmes dont j’ai besoin a toujours fait beaucoup rire mes proches, mais je ne peux pas vivre sans.

9. Vous passez beaucoup de temps sur votre téléphone ? Exploitez cette habitude à votre avantage

Utilisez votre calendrier et vos rappels pour mieux vous organiser et gagner en productivité. Je définis des rappels pour tout, de mes activités quotidiennes aux événements à ne pas manquer.

10. Procurez-vous un agenda

Je n’ai pas utilisé d’agenda en 2021 et j’ai perdu toute motivation à écrire. Donc je planifie maintenant ma journée à l’aide de repères temporels et j’utilise un calendrier mural pour avoir des rappels visuels.

11. Gérez les notifications de vos applis

Je ne lis pas mes sms ni mes e-mails et ne clique sur aucune notification de réseaux sociaux si je n’ai pas l’énergie d’y répondre. Ainsi, j'ai aussi moins de chance de les oublier (même si cela arrive encore presque tous les jours).

12. Prenez une longueur d’avance

Demandez à vos proches de vous aider à partir à l’heure. Mon mari prévoit toujours une marge de sécurité et nous fait des rappels à 45, 30 et 15 minutes.

13. Réfléchissez bien au temps que vous prendra une tâche

Du fait de mon incapacité à estimer la durée d’une tâche, je suis parfois prête une heure à l’avance. À l’inverse, je peux aussi largement sous-estimer le temps que me prendra une autre tâche.

14. Définissez des « limites de temps » avec votre famille et vos amis.

Nous avons convenu de certaines limites en matière de temps à respecter. Par exemple, tard le soir, mon mari peut me dire de garder une idée pour le lendemain matin sans me contrarier.

15. Demandez de l’aide

J’ai besoin que quelqu’un, tel que mon aidant, planifie mes journées lorsqu’elles sont chargées ou sortent de l’ordinaire, par exemple lorsque j’ai rendez-vous à l’hôpital. Il me donne mon emploi du temps à l’avance pour m’aider à me sentir maître de la situation.

Le point à retenir

Le brouillard cérébral cause principalement chez moi une perte de toute notion du temps. Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est jusqu’à ce qu’une alarme sonne ou que quelqu’un me le dise. Je l’oublie presque immédiatement et je suis incapable de dire combien de temps a duré une conversation ou une activité.

Avant ma migraine chronique, j’étais toujours à l’heure ou en avance. En tant qu’enseignante, mes cours étaient méticuleusement planifiés par tranches de 5 minutes durant lesquelles je savais exactement ce que j’allais faire. Aussi amusant que puissent être mes récits à la Alice au pays des merveilles, ils me rappellent aussi sans cesse ce que j’ai perdu.

Malgré tous mes efforts pour mieux contrôler mon brouillard cérébral, j’aurai toujours des difficultés à gérer mon temps. La migraine affecte sérieusement ma capacité à estimer le temps que me prendra ou m’a déjà pris une tâche.

COB-FR-NP-00120 – 11/2024

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